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LA VIE DE FAMILLE

qui lui apprennent le français et à jouer de la guitare. L’une d’elles était avec nous sur le chemin de fer, et parla de « l’extérieur agréable » du prisonnier. On a pour ce coupable une douceur repoussante, qui témoigne d’un sentiment moral relâché.

Le temps a été superbe pendant toute la journée. Le soleil marchait devant nous vers l’Ouest et nous marchions droit sur lui. À mesure qu’il descendait vers la terre, le ciel du soir resplendissait de l’or le plus pur. Le pays était plat, uniforme ; çà et là une jolie petite rivière, dans la forêt de petites maisons en bois entourées d’un bouquet d’arbres, et sur lesquelles était fixée une planchette portant en lettres d’un pied de haut, tracées à la craie blanche, ce mot : « Épicerie. » Les terrains cultivés étaient tous divisés régulièrement et couverts de bonnes fermes, ressemblant à nos meilleures maisons de paysans. Les colons de l’Ouest achètent des lots de terre de quatre-vingts, cent soixante à deux cents arpents, rarement davantage. La terre coûte de première main (ce qu’on appelle prix du gouvernement) un dollar et quart l’arpent, et, lorsqu’on sait s’y prendre, elle donne en peu de temps de riches récoltes. Les fermiers d’ici travaillent rudement, vivent bien, quoique avec frugalité, élèvent de vigoureuses familles, dont les enfants suivent rarement la profession de leurs parents. On les envoie dans des écoles, puis ils cherchent à s’élever en suivant la carrière politique. Ces petites fermes sont des pépinières, d’où les États du Nord-Ouest tirent leurs meilleurs fonctionnaires, instituteurs et institutrices. Ici grandit une génération pieuse, énergique, industrieuse. Beaucoup de renseignements m’ont été donnés à cet égard par mon vieux pionnier, dont l’esprit religieux, l’activité incessante, l’amour des hommes, l’instruction