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LA VIE DE FAMILLE

C’était un magnifique salut que me faisaient les Allemands de la ville.

Le 17 septembre.

Les Prairies ! Jamais je n’oublierai cette vision.

Chicago est situé dans la contrée des Prairies, et l’Illinois tout entier est une vaste et ondulante plaine, un pays plat avec de basses et ondoyantes collines. C’est à dix-huit milles de la ville que l’on trouve les Prairies proprement dites. Mes nouveaux amis voulurent m’y faire passer une journée, et nous partîmes un matin de bonne heure, trois familles dans quatre voitures. Notre pionnier, beau chasseur au teint sombre, nous précédait en voiture avec ses chiens et tirait au vol, quand nous faisions halte, quelques poules de prairies. La journée était superbe, le ciel d’un magnifique azur, le soleil de l’or le plus pur, l’air plein de vie mais calme, et cette lumière éclatante se répandait à l’infini dans un espace océanique, dont les vagues étaient formées par des hélianthes, des astrées, des gentianes. Toutes ces fleurs étaient resplendissantes, surtout les hélianthes, qui avaient souvent près de deux mètres de haut ; leurs couronnes s’agitaient bien au-dessus de la tête des hommes de taille moyenne.

Nous dinâmes dans un petit bouquet de bois ressemblant à un buisson vert au milieu de ces champs de fleurs dépourvus d’arbres. C’était sur une élévation du sol, d’où la prairie, doucement ondulante, se terminait par l’horizon. Çà et là, on apercevait de petites maisons en bois, qu’on aurait pu prendre pour des nids d’oiseaux nageant sur cet océan ; çà et là les foins étaient fauchés : on aurait