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LA VIE DE FAMILLE

effet, il doit être bien différent de voir cette vue de ciel et plaine pendant une journée ou une année. Pourtant, je ne serais pas fâchée d’en essayer.

Nous ne vîmes pas un seul nuage durant cette journée, nous ne sentîmes pas le moindre souffle de vent ; l’air n’en était pas moins frais et délicieux. L’été indien commencera bientôt. Toute cette fête de la Prairie se passa sans accident, à ceci près, que le fusil du chasseur, étant parti au repos, blessa l’un des chevaux à l’oreille et qu’une roue cassa ; mais c’était vers la fin de notre promenade. On prit la chose gaiement.

Chicago, 22 septembre.

Dans la charmante famille où je suis maintenant, chez M. et madame Kinzie, j’entends beaucoup parler des Indiens. M. Kinzie est agent du gouvernement pour les négociations avec les tribus indiennes des États du Nord-Ouest, et il a été l’un des premiers colons de leur désert. Madame Kinzie, qui écrit facilement, a conservé plusieurs faits de la vie des premiers colons et des luttes qu’ils eurent à soutenir contre les Indiens. Plusieurs se sont passées dans sa propre famille. La lecture ou la narration de ces événements est un des principaux plaisirs de nos soirées ; plusieurs sont intéressants au plus haut degré, d’autres épouvantables, mais il en est aussi de fort touchants et parfois très-comiques.

L’histoire de la captivité et de la délivrance de la mère de madame Kinzie serait un charmant sujet de drame. Je ne connais rien de plus propre à émouvoir. Des scènes affreuses terminées par l’enlèvement de la petite fille, puis la tendresse du chef indien pour cet enfant, l’amour crois-