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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

dont tu jouis sur le lac et une grande partie du pays. C’est fort bien aujourd’hui. Demain tu apprends que le terrain à côté de ta maison est acheté par quelqu’un qui se propose d’abaisser le sol de plusieurs brasses, afin de construire une rue immédiatement au-dessous de ta maison. Tu proteste en disant qu’elle croulera immanquablement si le rideau sablonneux est creusé à une pareille profondeur à côté d’elle. C’est inutile ; le surlendemain, l’excavation est commencée devant toi avec l’agréable perspective de voir, dans un temps donné, la montagne de sable et ta maison s’ébranler, culbuter sur la nouvelle rue qui est à tes pieds. Et si la fortune est juste, elle mettra en pièce la maison que ton fossoyeur a élevée. Ce tableau est sombre, mais je l’ai vu de mes yeux à Millwaukie. J’aimerais habiter cette ville pendant quelque temps, sur ses belles hauteurs, parmi ses habitants éveillés et bienveillants ; mais y bâtir des maisons, bien obligé !

Une journée passée au milieu des Suédois du lac des Pins.

C’est le 29 septembre, au matin, que je suis arrivée dans cette première colonie suédoise de l’Ouest ; j’y étais venue de Millwaukie avec M. Lange, qui conduisait notre petite voiture, sur une route peu facile, à travers une contrée solitaire de vingt et quelques milles anglais. Nous arrivâmes un dimanche, par une belle matinée que le soleil réchauffait. La petite colonie suédoise du lac des Pins, quoique dispersée en grande partie, se compose encore d’une demi-douzaine de familles vivant en fermiers dans une contrée aussi belle et romantique qu’on puisse se l’imaginer, véritable paysage de lac suédois ; elle ne pouvait manquer de