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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/224

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LA VIE DE FAMILLE

les « affaires. » Ceci me rappelle une conversation que j’ai eue à Augusta en Géorgie, je crois, dans une boutique où j’étais entrée pour faire une emplette ; une femme d’âge moyen était derrière le comptoir. J’entendis, à sa prononciation, qu’elle était Allemande, et lui demandai, dans sa langue, comment elle se trouvait dans le Nouveau-Monde. « Oh ! répondit-elle, on n’est pas mal ici pour les affaires et pour gagner de l’argent ; mais, lorsque, après avoir travaillé tout le jour, le soir arrive, je n’ai pas de plaisir. Si, dans le Vieux-Monde, on ne gagne pas autant par son travail, il a du moins des plaisirs quand il est fini ; mais ici on n’a que des occupations, des occupations du premier jusqu’au dernier jour de l’année. Ce n’est pas amusant de vivre ainsi. » C’est dans le Sud que cela m’a été dit, où l’émigration n’est encore qu’une petite rivière. Les Allemands viennent par grandes bandes dans les États du Nord-Ouest, se réunissent entre eux et ne manquent pas de plaisirs. Leur musique pénètre de temps à autre d’une manière stimulante jusqu’aux oreilles des Anglo-Américains, dont les yeux sont souvent attirés par les robustes et florissantes jeunes filles allemandes, et assez fortement pour les amener sur le territoire allemand.

Le soir, j’ai soupé chez le maire, où j’ai vu des personnes fort agréables. Une jeune femme a détaché un bracelet de son bras pour le passer au mien ; je porterai son souvenir dans mon cœur. La maison du maire est sur une hauteur infiniment pittoresque, avec vue dans une profonde vallée habitée et cultivée.

Mais il est dangereux de bâtir des maisons sur les hauteurs. Par exemple, tu as acheté un espace assez grand, où tu as bâti une jolie maison, planté un jardin orné de fleurs. Tu es charmée de ta demeure, de la vue magnifique