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LA VIE DE FAMILLE

sévère contre les hommes de l’Ouest, en mettant tout son espoir dans les femmes ; il les a louées de leur activité. À cette mercuriale, peu juste et peu réfléchie, succéda la communion, silencieuse, sainte, sanctifiante, répandant son noble vin dans des vases fragiles et défectueux en prononçant des paroles — qui ne sont pas celles des hommes. Après le service divin, l’école du dimanche s’est réunie, de jeunes et jolies femmes instruisaient chacune leur classe d’enfants pauvres. Comme elles s’y prenaient maternellement et bien, surtout ma jeune hôtesse, madame Dean, que je regardais faire avec le plaisir le plus intime !

Le temps étant clair, quoique froid, je désirais employer l’après-dîner à une excursion sur les bords des jolis lacs : « C’est dimanche, » me fut-il répondu en souriant, et ici on ne doit pas s’amuser le dimanche, même dans la belle nature de Dieu, mais il est permis de dormir à l’église.

Le 7 octobre.

J’avais entendu parler d’une colonie norwégienne qui se trouvait dans une contrée appelée Koskonong, à vingt-quatre milles anglais de Madison ; ayant manifesté le désir de la visiter, une aimable jeune femme, madame Collin, offrit de m’y conduire dans sa petite voiture découverte.

Nous partîmes le lendemain avec un garçon norwégien, remplissant les fonctions de cocher. Le temps était doux, clair, et la voiture roulait facilement dans la contrée, qui était montueuse, avec un sol ferme et des routes naturellement bonnes. Toute la première partie du voyage s’effectua à travers un pays neuf, souvent complétement sauvage, in-