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LA VIE DE FAMILLE

surtout celui de ma petite hôtesse : elle avait peur et soupirait.

Le soleil brillait le lendemain, l’air était agréable et doux. Après le déjeuner, je sortis pour faire ma course. Le presbytère, malgré sa pauvreté, était bien situé sur une hauteur et entouré de jeunes chênes ; avec un peu de soin, cette demeure peut devenir jolie et agréable. Je suivis le chemin. Le pays ressemblait à un immense parc anglais, où les plus beaux pâturages étaient couronnés par une riche forêt à feuilles rondes. Je vis çà et là de petites habitations situées sur la lisière de la forêt ; elles étaient presque toutes en bois, et quelques-unes des fermes où maisonnettes en pierres de roche. Je vis des hommes qui travaillaient dans les champs occupés à récolter l’orge, et leur adressai la parole en norwégien. Ils me répondirent gaiement. Je demandai à un grand nombre, hommes et femmes, s’ils étaient contents, s’ils se trouvaient mieux ici que dans l’antique Norwége. Presque tous répondirent : « Oui, nous sommes mieux. Nous travaillons moins rudement, et nous avons plus de facilité à vivre. » Un seul paysan âgé dit : « Ici, comme là-bas, il y a des difficultés ; mais la santé était meilleure dans la vieille patrie. »

Je visitai aussi avec madame Preuss quelques maisons de paysans norwégiens : il se peut que je n’aie pas vu les meilleures, mais il est positif que le manque de propreté et d’ordre dans la plupart contrastait fortement avec celles des Américains, même leurs cabanes pauvres. Les Norwégiens établissent sagement leur demeures, d’ordinaire au bord d’une petite rivière ou d’un ruisseau ; ils savent choisir de bonne terre, viennent ici en agriculteurs exercés, s’entr’aident, vivent frugalement et ne cherchent pas les plaisirs. Le pays m’a semblé partout riche et d’une beauté