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LA VIE DE FAMILLE

furent considérés comme des amulettes saintes par les Indiens. Un autre missionnaire périt sous les flèches des sauvages, pendant un combat entre des tribus ennemies.

Il est rafraîchissant, après les scènes sanglantes et cruelles qui marquent les premiers pas des envoyés de l’Europe dans l’Ouest, de trouver l’épisode paisible de la mission du Père Marquette, jésuite, au milieu des tribus guerrières des Indiens ; elle ressemble à un rayon de soleil perçant les nuées gonflées d’orages.

Le courageux Père Alvuez avait déjà pénétré dans la plupart des tribus indiennes, autour du lac Supérieur, et, pendant un séjour de deux années, il avait appris aux Chippewas à réciter le Pater et l’Ave, reçu de la part des Potawollonies, adorateurs du soleil, l’invitation de venir dans leurs cabanes fumer le calumet de paix avec la tribu des Illinois : ceux-ci lui parlèrent de leurs vastes prairies couvertes d’herbes hautes, où paissaient des chevreuils et des buffles. Il avait aussi rencontré les belliqueux et puissants Sioux qui vivaient de riz sauvage, couvraient leurs cabanes avec des peaux d’animaux au lieu d’écorces d’arbres, et habitaient les Prairies près du grand fleuve qu’ils appelaient Missipi.

Marquette résolut de découvrir et de naviguer sur le grand fleuve.

Après avoir réuni autour de lui les restes de la nation des Hurons, il s’était établi avec eux sur les bords du lac Michigan, riche en poissons. Ils y construisirent des cabanes, et le Père Marquette apprit à ces enfants sauvages de la nature à adorer Dieu et à vivre en s’occupant de travaux pacifiques.

C’est de là, et accompagné d’un Français appelé Joliet, avec un jeune Indien illinois pour guide, que le Père Mar-