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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/264

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LA VIE DE FAMILLE

Bancroft : « le 10 juin 1673, le célèbre Père Marquette, au cœur pur, humble, sans prétention, et son compagnon Joliet, cinq Français, deux Algonquins comme guides et portant deux canots, traversèrent la langue de terre étroite qui sépare la rivière de Fox de celle de Visconsin. Ils atteignent l’eau, se tiennent debout sur la rive de cette dernière, adressent chacun, séparément, une prière à la sainte Vierge, et sortent des rivières qui, dans leurs cours, auraient pu porter leurs compliments à Québec. » Les guides s’en retournèrent, dit le doux Marquette, nous laissant dans un pays inconnu et seuls entre les mains de la Providence.

« La France et le Christianisme étaient dans la vallée du Mississipi.

« On démarra sur le large Visconsin et cingla à l’Ouest, descendant la rivière entre les Prairies et les pentes boisées qui se présentaient successivement, sans voir une créature humaine ou les animaux ordinaires des forêts. Pas un son n’interrompait ce silence solennel, excepté celui produit par l’eau autour du canot, et les beuglements des buffles bien avant dans la forêt. Au bout de quatre jours, les voyageurs entrèrent dans le grand fleuve avec une joie inexprimable, et les deux canots en bouleau hissant leurs voiles à des vents inconnus, dans un climat nouveau, descendirent le paisible fleuve océanique, en passant devant des bancs de sable, résidence de quantités innombrables d’oiseaux aquatiques et de petites îles qui semblaient sortir du fleuve avec de riches masses de feuilles. Les voyageurs naviguèrent ainsi entre les vastes champs de l’Illinois et du Jowas, couronnés par de majestueuses forêts, ou parsemés des groupes d’arbres qui alternaient avec des prairies sans fin.

« À soixante milles environ, au-dessous de l’embouchure du Visconsin, on découvrit dans le sable de la rive occiden-