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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/266

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LA VIE DE FAMILLE

ressemblaient à des animaux monstrueux ; ils entendirent de loin le fracas des eaux du Missouri, qu’ils ne connaissaient encore que sous le nom algonquin de Pekitenoni, et lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit où s’opère la plus belle réunion de deux rivières qu’il y ait au monde, où le rapide Missouri se précipite comme un conquérant dans le Mississipi plus calme, et l’entraîne pour ainsi dire avec lui vers l’Océan, alors le Père Marquette résolut en son cœur de remonter un jour cette puissante rivière jusqu’à sa source, de traverser la langue de terre qui sépare les deux Océans, et d’annoncer l’Évangile à tous les peuples du Nouveau-Monde.

« Quarante milles plus loin, ils passèrent devant l’embouchure de l’Ohio, qu’on appelait alors Wabash ; sur ses bords habitaient les paisibles Shawness, que la crainte des invasions des Iroquois faisait trembler. Des roseaux épais commencèrent à se montrer le long du fleuve ; ils étaient tellement serrés et forts que les buffles ne pouvaient se frayer une route au travers. La chaleur du soleil de juillet et les insectes devinrent insupportables.

« Les Prairies disparurent. D’épaisses et hautes forêts de bois blanc couvraient le rivage jusqu’aux bords de l’eau. C’était le territoire des Indiens Chickesaws, et ces sauvages avaient des fusils.

« Le Père Marquette et ses compagnons arrivèrent au village de Milihigamea, dans une contrée qui n’avait pas été visitée depuis l’expédition de Ferdinand de Soto. « C’est maintenant, en vérité, qu’il faut demander à la sainte Vierge de nous venir en aide, » pensa Marquette, quand il vit ses canots entourés d’Indiens armés d’arcs et de flèches, de haches de combat, de massues, et poussant continuellement de sauvages cris de guerre. Marquette élève le ca-