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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

petit champ où il vient de récolter du maïs. L’air est gris, mais parfaitement calme ; nous avançons très-lentement, parce que l’eau est basse dans cette saison, et le fleuve a beaucoup de bas-fonds. Parfois il est assez étroit, souvent très-large et couvert d’une foule d’îles plus ou moins étendues. La vigne sauvage, verte encore, forme des festons entre les arbres, la plupart dépouillés de leurs feuilles. Nous passons entre le Visconsin (à droite), Jowa (à gauche), et nous venons de franchir l’embouchure du Visconsin, d’où le Père Marquette est entré dans le Mississipi. Comme je comprends les sentiments qu’il a dû éprouver en découvrant le grand fleuve ! Deux cents ans plus tard je me sens presque aussi heureuse que lui ; car, moi aussi, je fais seule un voyage de découverte, quoique d’une autre espèce. L’embouchure du Visconsin dans le Mississipi, entre des bords couverts d’arbrisseaux touffus, est une belle idylle. Nous serons demain dans des contrées plus sauvages, parmi les Indiens. Pourvu que le temps ne soit pas d’une humidité froide !

Le soir.

Il paraît s’éclaircir. La lune se lève et semble vouloir dissiper les nuages. Au coucher du soleil, le Menomonie s’est arrêté pour prendre du bois sur la rive de Jowa, et je suis allée à terre avec M. Sibley. Il y avait, au pied de la colline, à cinquante pas du rivage, une maison en bois nouvellement construite. Nous y entrâmes. Une jolie jeune femme, tenant sur le bras un vigoureux petit garçon qu’elle nourrissait, nous reçut ; son mari était dans la forêt. Ils habitaient cet endroit depuis quelques mois seulement,