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LA VIE DE FAMILLE

pénétra par une petite rivière dans le Michigan, dressa un autel sur le rivage, célébra la messe, puis demanda aux hommes qui conduisaient le canot de le laisser seul pendant une demi-heure.

« Ce temps écoulé, ils allèrent le chercher et le trouvèrent dormant, mais pour ne plus se réveiller. Le bon missionnaire, l’homme qui avait découvert un monde, s’était endormi entre l’autel et la rivière qui porte aujourd’hui son nom. Ses compagnons creusèrent sa fosse dans le sable. Depuis lors les défricheurs n’ont jamais manqué, dans les moments de dangers, d’invoquer son nom. Les peuples de l’Ouest vont élever un monument à sa mémoire. »

Voilà ce qu’on raconte du Père Marquette. Une petite vie, mais comme elle est accomplie, qu’elle est belle, complète, parfaite ! Ne te semble-t-il pas voir un rayon de la lumière céleste briller à travers la vallée du Mississipi, couverte d’un brouillard et aspergée de sang ?

En descendant ce fleuve je te parlerai de Ferdinand de Soto.

Le 15 octobre, sur le Mississipi.

Frais et froid ; mais les magnifiques hauteurs qui s’élèvent toujours davantage sur les deux rives du fleuve, couvertes de forêts de chênes d’un joli brun-jaune, se dessinent sur un ciel d’automne et sont variées par des prairies à la perspective infinie. Ce spectacle est toujours beau, varié, et puis tout est si jeune, si nouveau, si virginal ! Çà et là, au pied des hauteurs et sur le bord du fleuve, un colon a construit sa petite maison en bois, défriché un