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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/271

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Les sombres nuages revinrent et répandirent la nuit sur les fentes profondes des rochers, mais ils furent obligés de céder la place au soleil, qui finit par régner seul. Ma lumière intérieure me parlait en même temps que la lumière extérieure. C’était magnifique.

Les collines du rivage prenaient des formes de plus en plus extraordinaires ; elles étaient brisées d’une manière fantastique et représentaient les figures les plus surprenantes. La moitié de la hauteur, quatre à cinq cents pieds au-dessus du niveau du fleuve, était couverte de forêts à feuilles rondes dorées par l’automne ; de là s’élevaient perpendiculairement et nues des roches ressemblant à des ruines, des remparts, des tours, des murailles à demi abattues ; on aurait dit d’anciens, de splendides châteaux ; le tout d’un brun rouge. Les ruines du Rhin sont des misères comparativement à ces restes gigantesques des temps primitifs, où l’homme n’existait pas encore, où les Megatherium, les Mastodontes et les Missourium, ces Titans de la nature primitive sortirent des flots et errèrent seuls sur la terre.

En voyant ces pyramides hardies, ces façades brisées, il est difficile de se convaincre qu’elles n’ont pas été faites par des hommes, tant ces formes colossales sont régulières et architectoniques. Dans quelques endroits j’ai vu une petite maison faite de main d’homme, sur le rocher ; elle ressemblait à un nid d’oiseau perché sur un toit élevé ; mais ces maisons me réjouissaient, car elles annonçaient que cette splendide contrée aura bientôt des habitants, et le temple de la nature, des adorateurs et des humains reconnaissants. Du côté opposé est une haute, magnifique et fertile prairie où des millions d’individus pourront s’établir. Les Américains construiront, sur ces hauteurs, de