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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/272

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LA VIE DE FAMILLE

belles et hospitalières demeures ; ils y travailleront, prieront, aimeront, jouiront. Une humanité ennoblie les habitera.

Dans le fleuve, et au pied de ces montagnes gigantesques, le nombre des îles verdoyantes allait croissant. Toutes avaient le même caractère, étaient de jolies oasis enlacées de vigne, dont les grappes sauvages sont petites et sûres ; on dit que la gelée les adoucit. Chose remarquable, la vigne est partout, en Amérique, comme chez elle ; c’est un véritable pays vignoble. J’ai lu ici une prophétie relative au temps et au pays, où l’on sera assis en paix, à l’ombre de sa propre vigne, où le loup et l’agneau joueront ensemble, où le désert fleurira comme un lis, le tout au nom du prince de la paix.

Ces hauteurs, malgré la sévérité de leurs formes et les ruines de granit qu’elles portent, se ressemblent en une chose : elles sont presque toutes de la même élévation et ne dépassent pas huit ou neuf cents pieds.

Hier au soir, comme le soleil se couchait, j’ai vu la première trace des Indiens, c’est-à-dire l’une de leurs tombes, cercueil ou caisse en écorce d’arbre, posé sur une couple de planches portées par quatre pieux et placés sous un arbre jauni par l’automne. Les Indiens exposent ainsi leurs morts jusqu’à ce que les os soient dépouillés de leur chair. Ils les déposent ensuite dans la terre ou dans des grottes, avec diverses cérémonies, danses et chants. Un cercueil, ombragé par un arbre, éclairé par le pâle soleil du soir, a donc été la première trace de ce pauvre peuple mourant que j’ai vue.

Bientôt après, nous avons aperçu des huttes indiennes sur les berges. Les Indiens les appellent des Tepées (habitations) ; elles ont la forme d’une tente et sont couvertes