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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

pas pour les renvoyer avec un peu de brusquerie. Hélas ! si démocrate que l’on soit en arrivant dans cette partie du monde, on court le danger, en le parcourant, de devenir aristocrate jusqu’à un certain point. Je n’irai jamais au delà, quand même les filles de géant seraient assez nombreuses pour gêner ma perspective. Je suis persuadée que cette fille couleur tuile deviendrait autre si on lui adressait quelques paroles d’éducation amicale ; si j’étais destinée à rester plus longtemps avec elle, nous finirions peut-être par devenir de bonnes amies.

Il y a dans l’une de ces familles d’émigrants une vieille grand’mère quoiqu’elle ne soit pas fort âgée, si soigneuse, si paisiblement active à l’égard de tous les siens, si évidemment bonne et maternelle de sa nature, qu’on accueillerait volontiers ses questions et son ignorance en géographie, si l’on était soi-même véritablement bon.

Le capitaine du bateau, M. Smith, est un homme remarquablement poli et de bonne compagnie ; il est mon cavalier à bord, et le meilleur ordre règne sur son bateau.

Nous ne voyons plus sur le rivage trace de civilisation européenne, mais seulement des huttes et des feux indiens. Depuis le lac Pépin, la rive est plus basse et la nature moins grandiose.

LETTRE XXVII


Saint-Paul (Minnesota), le 25 octobre 1850.

À deux milles environ de Saint-Paul, nous avons vu un grand village indien d’une vingtaine de huttes couvertes en