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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

jours attaché à la planchette. Quand il peut marcher, il est encore porté longtemps sur le dos de sa mère, dans un pli de sa couverture de laine. Presque tous les Indiens que je vois sont Sioux.

M. Ramsay m’a conduit avant-hier aux chutes de Saint-Anthony, à quelques milles de Saint-Paul. Elles ferment le Mississipi aux bateaux à vapeur et autres bâtiments. De ces chutes à la Nouvelle-Orléans il y a deux mille deux cents milles anglais. Le fleuve redevient navigable un peu au-dessus de ces chutes, pendant quelques centaines de milles seulement, pour de petites embarcations, et encore ce n’est pas sans danger. La chute de Saint-Anthony est d’une médiocre élévation, qu’on ne peut comparer qu’à la chute d’un grand étang à moulin ; elle tombe tout à coup, perpendiculairement, sur une couche d’ardoise, qu’elle brise parfois, et dont elle emporte de grands blocs. Ses alentours sont grandioses et surtout pittoresques. Ici le fleuve est très-large, c’est par cette raison, peut-être, que la chute paraît moins importante. Le rivage est très-riche en fait d’arbrisseaux ; ils croissent entre des blocs et des murs d’ardoise ayant forme de ruines, mais ordinaires. Le fleuve, la chute, le pays, la perspective, ont ici plus de largeur, d’étendue, que de grandeur.

C’est le Père Henepin, jésuite français, qui est arrivé le premier aux chutes de Saint-Anthony ; il était prisonnier des Indiens et amené par eux ; ils appelaient ces chutes Irara, ou les eaux riantes. Henepin leur donna le nom de Saint-Antoine. Je préfère le premier, car il est caractéristique. Ces chutes paraissent gaies plutôt que dangereuses, et leur bruit n’a rien de sinistre.

Le Mississipi, dans sa jeunesse, est un fleuve de caractère joyeux. Je possède un dessin (cadeau que m’a fait