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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

la trouve, à ce qu’il paraît, dans un sol rocailleux dans le haut du Missouri. J’ai admiré les mains de ces hommes, elles sont remarquablement jolies, bien faites, et, même sous le rapport des ongles, soignées avec coquetterie ; elles étaient délicates, souples, et ressemblaient à des mains de femme plutôt que d’homme.

Dans l’un de ces Tepées j’ai vu une jeune Indienne dont la riche chevelure tombait sur ses épaules ; elle me parut d’une beauté si extraordinaire, que j’eus envie de faire son portrait et ceux d’une couple d’Indiens. Je priai donc M. Ramsay de leur exprimer mon désir, ce qui eut lieu par l’intermédiaire de l’interprète, M. Prescott. Il dit donc à un vieux chef appelé Mosah-hotah (fer gris) que, désirant faire le portrait de tous les hommes illustres de ce pays, pour les montrer aux peuples de l’autre côté de la grande eau, je le priai de poser un moment.

Le vieux chef avait un air fort grave, paraissait homme de bien et honorable ; il écouta attentivement, puis fit entendre une sorte de grognement approbateur. Il nous accompagna chez l’interprète, où plusieurs petits visages de couleur à traits indiens regardèrent par les fenêtres et les portes de la maison. M. Prescott a épousé une Indienne dont il a plusieurs enfants.

Je fus bientôt installée dans une salle avec mon album et le vieux chef devant moi ; il manifesta un peu de chagrin de ne pas être en grande parure (il n’avait que deux plumes d’aigle sur la tête), ni dans une tenue entièrement convenable. Il portait, sous sa couverture blanche, un frac en drap européen, et parut tenir infiniment à ce qu’il fit partie de son portrait ; il trouvait évidemment que c’était un objet rare. Le chef était inquiet et mal à son aise quand l’interprète n’était pas dans la salle. En général,