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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/298

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LA VIE DE FAMILLE

également son portrait ; son visage était peint, sans ménagement, en rouge, jaune et vert. Chien-Blanc n’avait pas la moindre timidité, mais l’air martial, et je lui suis favorable parce qu’il est bon époux et qu’il aime sa belle compagne.

Dans le langage de ces Indiens j’ai retrouvé plusieurs des sons qui m’ont frappée comme étant particuliers aux populations américaines en général, c’est-à-dire nasillards, criards, chantants ou plaintifs, et qui, chez les femmes, m’ont souvent tourmentée. Ils se sont probablement introduits chez les premiers colons par suite de leurs relations avec les sauvages, et se seront transmis.

Tandis que je suis parmi les Indiens, je te raconterai l’un de leurs usages, il me semble singulier et se rapporte à leurs noms bizarres, à la manière dont ils s’y prennent pour en avoir un. Quand les Indiens (hommes et femmes) arrivent à la puberté, ils vont dans la solitude, jeûnent pendant plusieurs jours et croient que leur esprit protecteur se révélera à eux. Ce qui frappe surtout leur vue ou leur imagination pendant ces jours-là, est considéré comme un signe par lequel cet esprit protecteur se révèle, et ils adoptent le nom de cette chose ou de ce signe. Ils retournent ensuite chez eux, où ils prennent une sorte d’indépendance plus haute et disposent d’eux-mêmes plus librement.

Parmi les noms indiens que j’ai lus sur une liste de promesses de tempérance, j’ai remarqué les suivants :

« Pointe-de-Corne, Vent-Rond, Debout et regardant, Nuage qui marche de côté, Orteil de fer, Je cherche le Soleil, Éclair du fer, Bouteille rouge, Araignée blanche, Chien noir, Deux plumes d’honneur, Hirlequin, Queue