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LA VIE DE FAMILLE

l’abeille et le castor, des hommes lucides, dirigeants, forts et pieux, qui savent ce qu’ils veulent et tiennent la civilisation dans leurs mains vigoureuses. Là se trouvent de grandes villes où se développent le plus grand luxe et les plus grands péchés de la civilisation, qui dressent des autels à Mammon et veulent prendre le monde entier à leur service. Là se trouvent aussi de petites sociétés qui font la conquête du pays par la puissance du principe de la paix et au nom du Prince de la paix. Marie-Child parle d’une société de ce genre dans l’Indiana ou l’Illinois. Cette narration est courte et si jolie, que je ne puis m’empêcher de la transcrire telle que je la trouve dans ses lettres de New-York.

« Les cadeaux les plus précieux qui ont été faits à mon âme durant son pèlerinage sur la terre, je les ai dus souvent à des personnes pauvres sous le rapport de l’argent et de la science. Parmi celles-ci, je me souviens surtout d’un artisan sans instruction qui travaillait rudement. Il faisait partie de trente à quarante individus de la Nouvelle-Angleterre, qui étaient allés s’établir dans les déserts de l’Ouest. La plupart étaient voisins et avaient été engagés à se réunir par la conformité de leur manière de penser sur divers sujets. Ils avaient contracté l’habitude, depuis quelques années, d’aller de temps en temps les uns chez les autres pour causer, dans la simplicité de leur cœur, sur leurs devoirs envers Dieu et leur prochain. L’Évangile était leur bibliothèque et leur clergé. Il n’y avait pas alors de société pour l’abolition de l’esclavage, mais instruits comme ils l’étaient par le livre divin, ils n’avaient pas besoin d’intermédiaire pour savoir que réduire des hommes à l’esclavage, c’était pécher.

« Riche en culture spirituelle, la petite bande se mit en