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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/330

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LA VIE DE FAMILLE

venté n’eurent pas le cœur d’en rire. Peu après, il se fit un changement sensible chez ces fâcheux voisins. Ils cessèrent de couper la queue des chevaux et de casser les pattes des poules. « Bell, dit un petit garçon à son camarade, ne lance pas cette pierre. Lorsque la semaine dernière j’ai tué un de leurs poulets, ils l’ont envoyé à ma mère, parce qu’ils ont pensé que du bouillon de poulet pourrait faire du bien à la pauvre Mary. » C’est ainsi que le mal a été vaincu par le bien, car il ne resta plus dans le voisinage une personne capable de faire du tort à ces braves gens.

« Les années se succédèrent, les chrétiens pratiques eurent des biens temporels en plus grande quantité que leurs voisins, et n’en étaient pas moins aimés de tous. Les hommes de loi ne gagnaient rien avec eux. Le sergent à cheval balbutia et fit des excuses, lorsqu’il vint leur prendre, pour acquitter la taxe de guerre, ce qu’ils avaient gagné par un si rude travail. Ils répondirent avec douceur : « Vous avez un vilain état, mon ami. Regardez-le au flambeau de la conscience, et voyez s’il n’en est pas ainsi. » Tandis qu’ils ne payaient pas volontiers de pareils impôts, ils étaient généreux jusqu’au superflu, quand il s’agissait d’un but utile et bienfaisant.

« Vers la fin de la dixième année, le gouvernement annonça la vente aux enchères des terres sur lesquelles nos chrétiens pratiques avaient bâti leurs fermes. D’après la coutume, les défricheurs du sol ont le droit de faire la première offre et d’acquérir au prix du gouvernement, c’est-à-dire un dollar et quart l’arpent. Mais à cette époque la fièvre de la spéculation sur les terres avait augmenté considérablement. Des aventuriers de toutes les parties du pays accoururent par bandes à cette vente, et des capitalistes de Baltimore, de Philadelphie, de New-York, de Bos-