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LA VIE DE FAMILLE

villes orientales pour me représenter celui des villes de l’Ouest.

Je suis maintenant dans un hôtel, mais j’irai probablement, demain ou après-demain, demeurer chez le sénateur Allén à une petite distance de la ville.

Je suis arrivée ici hier avec mes amis du Connecticut. La course à travers les prairies de Jowa, dans une voiture à demi ouverte, a été des plus agréables. Le temps est chaud comme en été, et le soleil luit sur des champs fertiles qui s’étendent au loin, bien loin. On dit que les trois quarts du sol de Jowa se composent de prairies ondoyantes. Le pays ne paraît pas cultivé, mais joli, c’est un immense pâturage ; la nature autour du Mississipi est lumineuse. Nous sommes arrivés après-midi dans la petite ville de Keokuk, située sur un banc du fleuve. Nous avons fait un bon dîner, dont la soupe était du thé, comme c’est l’usage dans les auberges de l’Ouest. Le bateau sur lequel nous continuerons notre voyage ne devant arriver que tard dans la soirée, je suis allée seule faire une promenade de découverte. Laissant derrière moi la jeune Keokuk, j’ai suivi un sentier qui longeait le fleuve. Le soleil se couchait et deux nuages, rouge clair et pourpre, couvraient le ciel à l’ouest. L’air était doux et calme, la scène vaste, lumineuse et paisible ; c’était une idylle de grand style.

Sur le rivage on voyait, à de courtes distances les unes des autres, de jolies petites maisons en planches, avec des proportions pleines de goût ; elles avaient ce quelque chose de convenable, de commode, qui distingue les travaux américains, se ressemblaient et paraissaient être des habitations de travailleurs. La plupart des portes étant ouvertes, probablement pour laisser entrer le doux vent du soir,