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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/337

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

je profitai de l’occasion pour y jeter un coup d’œil et me trouvai bientôt en conversation avec quelques maîtresses de maison. Comme je l’avais pensé, c’étaient des travailleurs occupés en ville qui avaient ici leurs demeures champêtres. Aucun luxe ne régnait dans ces maisonnettes ; mais tout y était propre, rangé, orné, et d’un calme férié, depuis la mère de famille jusqu’aux meubles de la maison, et faisait du bien à voir ; j’ajouterai que c’était dimanche soir, et que la paix du sabbat reposait dans ces demeures comme dans la contrée.

Quand je revins chez moi, il commençait à faire nuit. Dans l’intervalle, le bruit s’étant répandu en ville qu’on pourrait voir dans cette auberge une sorte d’animal scandinave, on l’invita à se montrer.

Je descendis donc au salon, où je trouvai beaucoup de monde ; la foule augmenta tellement qu’il en résulta une véritable confusion ; il me fallut donner des poignées de main à de bien singulières figures, mais on en voit souvent de pareilles dans l’Ouest. Les hommes, travaillant rudement, sont négligés dans leur toilette, et ne se donnent pas le temps de la soigner ; mais cet extérieur n’est pas une enseigne vraie de ce qu’il y a en eux. Je m’en suis encore aperçue cette fois-ci. Une petite bande de gens raffinés, je veux dire des messieurs et des dames plus civilisés et mieux habillés, — l’aristocratie de Keokuk, — avec laquelle j’ai fait une connaissance plus intime, m’a causé une joie sincère. N’étant pas contenue de ma nature, la franchise, la rondeur des Américains et leurs manières amicales me plaisent. On fait aisément connaissance avec eux, et l’on voit de suite si on se convient ou non.

Nous montâmes à bord, entre dix et onze heures du soir ; le lendemain matin nous étions sur le Missouri, qui se