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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/349

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

survivrais pas à cette douleur ; mon cœur en a été presque brisé… »

C’étaient de soi-disant chrétiens qui avaient fait cela. Quoi d’étonnant si cette femme esclave ne pouvait pas sentir qu’elle était chrétienne. Quelle existence !

Privée de son mari, de ses enfants, de ce qui lui appartient, sans avoir la perspective de jamais jouir d’une vie indépendante, de rien posséder en propre sur la terre ; être esclave, toujours esclave, sans espoir de salaire ni de repos ! Cette femme devait nécessairement être indifférente, hostile et même amère à l’égard des maîtres qui se donnaient pour ses protecteurs et lui enlevaient tout ce qu’elle avait de plus cher, même sa dernière petite fille, son plus jeune, son plus cher enfant !…

L’esclavage, cette institution païenne, conduit à des actes tellement absurdes, inhumains, que parfois, dans ce pays, dans cette Amérique chrétienne et libre, il m’est difficile de croire, de comprendre que tout cela est réel et non pas un rêve.




L’événement du jour à Saint-Louis, c’est le retour du sénateur Benton et son grand discours à l’hôtel de ville pour justifier sa conduite au Congrès, relativement à la question vitale soulevée entre les États du Nord et du Sud. Ces discours où comptes rendus sont d’usage dans tous les États quand les sénateurs reviennent du Congrès. J’ai lu hier soir celui du colonel Benton. Ce courageux représentant d’un État à esclaves, qui a combattu ouvertement pour ses droits tout en condamnant l’esclavage, est encore