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LA VIE DE FAMILLE

le même ici, énergique, franc, moitié homme, moitié oiseau de proie, frappant du bec et des serres avec une véritable jouissance. Il m’est resté de son discours ces derniers mots, vraiment mâles et bons :

« J’estime une bonne popularité, c’est-à-dire l’approbation des gens de bien. Je dédaignerai toujours l’autre, et je considérerai comme bienvenu le blâme que m’adresseront les malveillants et les êtres-vils[1]. »

Le Missouri et l’Arkansas conservent encore beaucoup d’éléments de la vie païenne et sauvage, des terrains incultes, et l’esclavage tient leurs progrès fortement enchaînés : Des batteries et des duels sanglants ont lieu souvent dans la population blanche ; le couteau de Bowie et le pistolet font partie de la toilette d’un homme, surtout quand il voyage dans ces États. Il faut, en outre, être constamment préparé à la rencontre des aventuriers sans conscience qui, de l’Europe et des États orientaux, se jettent dans l’Ouest pour trouver l’espace nécessaire à leurs penchants sauvages.

Je me dirigerai demain ou après-demain sur Cincinnati, d’où je t’écrirai.

  1. Dans ce discours, comme dans ceux qu’il a prononcés dans le congrès, Benton dit : « L’esclavage est un mal, une malédiction. Telle a toujours été ma pensée à partir du moment où j’ai lu le chapitre de Blackstone… Mais cette institution existe chez nous, c’est pourquoi nous devons la conserver. Quiconque voudra toucher à nos droits et à nos esclaves aura affaire à moi. » (Note de l’Auteur.)