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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/352

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LA VIE DE FAMILLE

de leurs doigts en guise de mouchoir de poche ; et puis cette question : « L’Amérique vous plaît-elle ? » Ouf ! il n’y a pas de contraste plus grand que celui qui existe dans ce pays entre les femmes civilisées et celles qui ne le sont pas.

Cependant une mère et sa fille m’ont plu à cause de leur extérieur et de leur amour mutuel évident ; mais, au moment où j’allais m’approcher de la mère, elle m’arriva avec cette question : « Les États-Unis ont-ils répondu à votre attente ? »

J’ai vécu la plupart du temps paisiblement dans ma chambre, en compagnie de mes livres et de la vue du rivage. Quand arrivaient le soir et la lumière, je m’amusais à voir coucher les marmots dans le salon ; car il n’y avait pas de place pour eux dans les cabines. Parmi les passagers se trouvait une jeune mère de trente ans à peine, ayant huit enfants, dont le dernier tetait encore. Elle s’était mise en route avec son mari et ses enfants pour s’établir dans l’un des États du Mississipi ; mais le mari, pris du choléra en route, était mort dans les vingt-quatre heures. La jeune femme retournait maintenant avec tous ses enfants chez ses parents. Elle était encore fort bien et d’une complexion faible, délicate. Quoiqu’une larme s’échappât de temps à autre de ses yeux, quand elle nourrissait son plus jeune enfant, elle n’avait pas l’air désespéré ni fort affligé. Sept de ces enfants, quatre garçons et trois filles, étaient couchés chaque soir tous ensemble sur un long matelas placé devant une porte et couverts d’une couverture. Je m’amusais d’un petit garçon de trois ans, véritable amour, dont la petite chemise descendait à peine au milieu du ventre. Il ne s’accommodait pas de ce lit en commun et aspirait probablement aux bras chauds