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LA VIE DE FAMILLE

croire qu’elles étaient l’œuvre de la nature et non pas de l’art. Nous avons retrouvé de ces roches dans une couple d’endroits, mais isolées et comme semées sur les rives du Missouri.

Nous arrivâmes, en allant toujours vers le Sud et descendant le Mississipi, à l’embouchure de l’Ohio. Ici le paysage était large et plat. L’Ohio, d’un bleu limpide, et appelé la « belle rivière, » se jette avec autant de calme et d’intimité dans le Mississipi-Missouri bourbeux que l’âme sereine d’un ami dans l’esprit agité de son ami. Les bords des deux rivières étaient couverts d’arbrisseaux et de buissons verts. Une clarté douce était répandue sur toute la contrée. Sur une pointe de terre se trouvait une petite colonie abandonnée, avec maisons en ruines. On l’appelle Cairo ; elle était destinée à devenir une grande ville de commerce ; mais l’emplacement était si malsain, qu’après plusieurs tentatives faites pour y vivre et y bâtir, on fut obligé de l’abandonner.

L’Asia sortit majestueusement du Mississipi pour remonter l’Ohio entre l’État de ce nom et le Kentucky. Cette rivière est infiniment moins large que le Mississipi, mais ses bords sont plus élevés et boisés ; elle est limpide et jolie. Nous vîmes sur le rivage d’abord des abatis, des maisons en bois, puis des fermes, et à la fin de jolies habitations de campagne bâties sur des hauteurs de plus en plus élevées et qui paraissaient cultivées. Les arbres sont gigantesques sur les deux bords, et de leurs couronnes dépouillées de feuilles on voit sortir des grappes et des masses ressemblant assez à des nids d’oiseaux et produites par une plante touffue et verte. C’est le gui ; il croît ici en abondance. Les arbres cèdent, la perspective s’ouvre, les hauteurs se retirent, et sur les bords de l’Ohio se dressent