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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

un siècle. Des affaires d’espèces et de formes nouvelles, devenant de plus en plus usuelles, demandent à être maniées avec jugement et capacité, si celui qui s’en mêle ne veut pas se ruiner…

« Les sciences les plus profondes se sont frayé une route dans les occupations journalières de la vie, où elles apportent puissance et beauté en doublant plusieurs fois les produits des objets auxquels on les applique. Quiconque ne sait pas s’emparer des bienfaits qu’elle procure sera abandonné à la misère et au mépris.

« Mais ce n’est pas seulement dans toutes les parties du monde des affaires que les idées ont pris plus de vie, d’énergie, détendue ; les masses populaires acquièrent, ou on leur donne continuellement de nouveaux droits politiques et sociaux. L’homme libre, qui peut aller où bon lui semble, et choisir l’occupation qu’il veut, a besoin d’infiniment plus de jugement et d’instruction que le sujet d’un État despotique né dans une niche quelconque, et où il doit rester toujours. Le citoyen qui soigne non-seulement ses affaires personnelles, mais encore celles de son commerce, qui se mêle du gouvernement par les représentants qu’il choisit lui-même, dont la voix, par conséquent, décide des mesures de politique intérieure et extérieure qui doivent être adoptées, de la paix ou de la guerre, de l’honneur ou de la honte nationale, — un pareil citoyen devrait être, sous le rapport de la capacité, de l’instruction et de la sagesse, un dieu comparativement à un serf russe ou à un paria. Dans l’époque actuelle, dis-je, l’âme de l’homme a infiniment plus de choses à faire qu’autrefois ; il faut donc qu’elle se fortifie, s’éclaire en conséquence.

« Il n’y a jamais eu d’époque où la nature morale de l’homme a eu besoin comme maintenant de culture et de