légitime, le vice-président Fillmore, qui le remplaçait dans la plus haute fonction des États-Unis. Rien de plus simple, de plus dépourvu de pompe, d’ostentation, de moins analogue au couronnement de nos rois ; cependant cette cérémonie du couronnement présente un spectacle fort pittoresque, et il en faut un peu, les hommes ne pouvant pas vivre, même dans ce pays, sans des choses qui frappent les yeux ; on le voit à l’avidité avec laquelle on se précipite vers tout ce qui est nouveau.
Après avoir pris les bains dans l’Océan, sur la côte orientale, je suis allée vers l’Ouest. J’avais vu le Nord et le Sud ; je voulais maintenant voir le grand Ouest. Dans les États de l’Est, du Nord et du Sud, on m’avait beaucoup parlé de l’accroissement et du progrès merveilleux du grand Ouest ; en quoi consistaient-ils ? J’étais curieuse de l’apprendre.
Durant ma route de ce côté, je me suis entretenue avec deux géants naturels de l’Ouest, Trenton et Niagara. J’ai traversé les grands lacs Ontario, Érié, Michigan, pour visiter la colonie suédoise établie sur les bords du Mississipi ; j’ai vu l’hospitalité et les roses scandinaves fleurir avec fraîcheur sur ce sol nouveau, et une nouvelle Scandinavie surgir dans les déserts de l’Ouest. Ensuite j’ai remonté le Mississipi jusqu’au pays où se trouvent les sources de ce fleuve magnifique ; j’ai vu une contrée montagneuse admirablement belle, des roches ressemblant à des ruines dominer des hauteurs couronnées de chênes, ruines de la période primitive où les Titans erraient seuls sur la terre, où l’homme n’existait pas encore. Il est rare encore, dans ces déserts immenses où tout est silencieux et vide. Une petite cabane en bois s’élève, il est vrai, çà et là, au pied des hauteurs qui bordent le Mississipi ; à côté est un petit champ de maïs. C’est la première trace de culture dans ces