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LA VIE DE FAMILLE

nier ; elle étendra son empire au delà des États-Unis. Il n’est aucun point de la terre sur lequel le Créateur de l’univers à répandu plus d’éléments de prospérité humaine, et dans des conditions plus évidemment favorables aux besoins de l’homme. N’y apportez pas la malédiction d’un mauvais gouvernement, n’entravez pas son progrès, n’empêchez pas le flot des migrations populaires de se précipiter dans son sein. Que son vaste sol reçoive le surplus de la population qui foule celui de l’Europe ; que le donateur de tout bien puisse sourire du haut des cieux en voyant une heureuse famille humaine de deux cent soixante et quinze millions de créatures humaines. »

Si vous êtes tenté de rire en lisant cet échantillon des espérances de l’Ouest à l’égard de la vallée du Mississipi et de son avenir grandiose, vous n’y méconnaîtrez pas cependant la trace d’un grand esprit et d’un grand cœur.

Le sénateur du Missouri, M. Allén, auteur d’un écrit relatif au commerce et à la navigation de la vallée du Mississipi, publié en 1850, et d’où j’ai copié ce qui précède, continue à écrire des mémoires statistiques sur les villes et les États de cette vallée ; il devient poëte en parlant du fabuleux accroissement de la culture intellectuelle, de la population des villes, de la richesse de cette région. Le colonel Benton, sénateur du Missouri, qui est, comme M. Allén, surtout un homme pratique, devient poëte également quand il jette les yeux du côté de l’Ouest et s’écrie :

« La navigation sur les fleuves du grand Ouest est ce qu’il y a de plus merveilleux au monde, et possède, depuis qu’on a adapté la vapeur à la marche des navires, toutes les qualités de la navigation sur l’Océan : la rapidité, la distance, le bon marché, la force des chargements, tout y