Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
381
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Mais ici s’arrêtent mon admiration et mon discours sur la grandeur et la croissance de l’Ouest ; car ses villes ne m’offrent rien de meilleur que celles de l’Est. Saint-Louis, c’est New-York sur le Mississipi, et San Francisco sur l’océan Pacifique en est seulement une troisième édition non corrigée. L’État de l’Ouest, quoique levant les yeux vers le Visconsin, les abaissant sur le Missouri et l’Arkansas, ne vaut pas mieux que celui de l’Est. Deviendra-t-il jamais meilleur ?

Il sera différent sous le rapport de son développement, de son caractère ; sera-ce en mieux ? aura-t-il quelque chose de plus noble et le rapprochant davantage de la perfection ? — Cet empire de mille années, où le lion reposera à côté de l’agneau, où chacun sera heureux, assis à l’ombre de sa propre vigne, de son figuier, où tous les peuples se rencontreront pacifiquement, où « le ciel sourira » en voyant une heureuse famille de deux cent soixante-quinze millions de créatures humaines, cet empire s’établira-t-il ici ?…

Hélas ! il m’en a coûté de renoncer à ce beau rêve qui m’illuminait au moment de mon départ pour l’Ouest, et me montrait le soleil d’or marchant devant moi en descendant vers la terre promise de l’Ouest, et y entrant tout droit. Cette illusion est passée. L’Ouest américain ne produira rien d’essentiellement meilleur. Ni lui ni l’Est ne donnera à la terre le nouveau Paradis qu’on ne trouvera probablement jamais dans ce monde. Tout ce que nous pouvons espérer, c’est qu’il s’en rapprochera, et ce rapprochement dépend de…

La civilisation ne manquera pas au peuple de l’Amérique du Nord, c’est évident. Il la recevra non-seulement par la propagation générale de l’éducation populaire, mais en-