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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

peu dangereuse en elle-même, et combien est insignifiant le changement extérieur qu’elle produit dans leur société. L’homme et la femme y ont des droits égaux et les exercent ; mais ils n’en sont pas moins restés fidèles à leur nature ; la femme plus occupée de son foyer, l’homme, des affaires extérieures. Les femmes n’en sont pas moins restées femmes, mais en même temps elles ont acquis plus d’importance sous le rapport du caractère. Les relations entre les deux sexes se montrent plus inébranlables en ce qu’ils ont de meilleur, et plus élevées en ce qu’ils avaient de moins bien. La « sainte expérience » a parfaitement réussi quant à ce point et devrait conduire à une expérience plus noble encore.

La jeunesse quaker actuelle se rapproche davantage du monde en fait de poésie, de musique, et commence à éclaircir un peu l’antique costume gris et jaune clair en y joignant diverses couleurs plus gaies. Le changement est préparé dans les esprits. Le monde a été purifié par la pureté des Quakers, sa joie et sa beauté innocente commencent à se frayer une route vers eux. Une jeune fille appartenant à une famille quaker de mes amies se servait de rubans roses, et avait donné une plus jolie forme à son chapeau. Sa mère lui reprochait de songer à plaire aux hommes plus qu’à Dieu. « N’a-t-il pas fait les fleurs et l’arc-en-ciel ? » répondit-elle.

L’étroitesse d’esprit est rompue ; cependant elle est si originale, si jolie dans ses simples et douces formes extérieures, que je tiens à les conserver, et ne voudrais pas pour beaucoup les perdre. J’aime le toi et le tu des Quakers, leurs assemblées, leur costume, surtout celui des femmes, si fin et d’une pureté si chaste. Sous ce costume se trouve plus d’une âme noble marchant encore à la clarté de la