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LA VIE DE FAMILLE

qu’il suffit à l’homme de sa propre lumière intérieure, de sa propre force pour atteindre la perfection. C’est pourquoi elle fait trop peu de cas de la prière, de la communion, de tous les moyens que le Père souverainement bon a donnés à ses enfants pour les mettre en rapport avec lui, et lui avec eux ; leur communiquer sa vie et ce qu’on a si justement appelé les secours de la grâce. Aussi les Quakers manquent de l’assurance et de la liberté avec lesquelles un enfant de Dieu se meut dans le cercle de la Création, et trouve que rien n’est impur, nuisible, lorsqu’on en jouit avec un esprit pur et reconnaissant. Les Quakers contemplent avec des regards de méfiance tout ce qui est beauté, art ; ils ont peur de la joie franche, se méfient de la beauté de la nature et manquent de cet esprit universel dont les Scandinaves sont doués, quoiqu’ils se laissent, il est vrai, égarer quelquefois par lui, ce qui faisait dire à ta connaissance un peu excentrique L…g : « On doit manger, jouer, chanter et même danser en vue de Dieu. »

Mais laissons les Quakers en paix ! Leur secte a rempli sa mission ; elle a porté un moment la torche de la liberté devant les hommes, tandis qu’ils étaient en route « pour sortir des ténèbres et arriver à la lumière. » Elle a eu son temps ; il est passé quant à sa puissance ; mais elle vit encore et fait sentir son influence dans le Nouveau-Monde, surtout comme principe rigide de la droiture, de l’amour universel de l’humanité ; avec ce principe elle pourrait frayer des sentiers nouveaux à la nation américaine. La doctrine de la lumière intérieure ne meurt pas, mais elle désire se réunir à une lumière plus haute.

Son égalité civile pour les hommes et les femmes est une riche semence qui se répandra au loin. La société des Quakers a prouvé avec évidence combien cette égalité est