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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/392

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LA VIE DE FAMILLE

est grande, plus le foyer américain a un air gai. L’ordre, le comfort, l’ornement, un véritable luxe d’arbres et de fleurs, distinguent le foyer du Nouveau-Monde.

C’est vers le foyer, vers son cœur, le gardien du feu sacré qui brûle sur son âtre, que je lève les yeux, pour voir apparaître l’homme nouveau sur la scène du Nouveau-Monde, pour lui voir remporter la victoire dans la lutte qui a lieu entre les deux puissances temporelles. Combien cette cause trouvera-t-elle de bons combattants ? voilà la question.

Le foyer et la mère américaine peuvent-ils communiquer maintenant la vie et la force nécessaires ? Je suis obligée de répondre : Non, pas dans l’état actuel de l’éducation des femmes. Tel prix qu’on attache à une foule d’exceptions individuelles, il n’en est pas moins certain que le foyer, dans le nouveau comme dans le vieux monde, n’est pas, en général, à la hauteur du problème qu’il doit résoudre, et que la femme est encore, comme autrefois, presque isolée dans la vie du foyer et de la société ; sans participation à la vie civile, elle n’a point la conscience des rapports du foyer avec la vie civile, de la morale et de la religion (ou haute politique) avec les questions sociales et la vie politique. N’ayant pas même la connaissance de sa propre mission, de sa responsabilité comme citoyenne chrétienne, comment pourrait-elle former le citoyen, allumer dans le cœur de l’enfant le feu sacré du bien public, lui apprendre à se servir, dans les rapports sociaux, dans les questions politiques, de la même pureté de conscience, de la même gravité sainte que dans le foyer ?

Les femmes de la société des quakers sont les seules chez qui le sentiment de la conscience civile se soit éveillé ; mais elles sont peu nombreuses.