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LA VIE DE FAMILLE

pelés à remplir, l’affranchissement social et politique de l’homme.

La mobilité et la rotation si forte de la vie publique, le déplacement continuel des fonctionnaires dans toutes les parties de l’administration, leur renvoi au bout d’une courte période au plus de quatre ans, ont fait secouer la tête à toute l’Europe, et je suppose que l’Asie, si elle l’avait pu, en aurait levé les épaules de manière à faire crouler la muraille de la Chine. Il ne manque pas non plus ici d’hommes sages qui branlent la tête avec doute à telle ou telle application exagérée du principe de rotation. J’ai entendu se plaindre sérieusement, dans les jeunes États du Mississipi, de la facilité avec laquelle on accorde aux émigrants le droit de voter, même en sortant de la population la plus grossière de l’Europe. Après une année de séjour dans l’État où ils sont établis, ils peuvent participer à l’élection des fonctionnaires réélus tous les ans. De là proviennent la puissance des agitateurs vils et gagés, et la difficulté pour les hommes de bien de parvenir au gouvernement ; car ils dédaignent les moyens dont se servent les autres pour devenir des candidats populaires ou se maintenir dans la place qu’ils ont obtenue précédemment.

Il m’est difficile de ne pas considérer ceci comme une mesure transitoire de la grande œuvre de l’éducation du peuple, à laquelle on travaille dans ce moment. Le Visconsin surtout paraît avoir saisi avec vigueur le véritable moyen de faire face au danger, c’est-à-dire de préparer à l’État, par ses bons et grands établissements d’éducation pour garçons et filles, un avenir lumineux dû à la puissance des meilleurs.

J’ai voyagé dans les États nord-ouest du Mississipi, précisément à l’époque des élections annuelles des fonction-