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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

naires. Ces élections et les scènes auxquelles elles donnent lieu me paraissent représenter un jeu politique ou une lutte à la course. L’esprit qui pousse les joueurs et les combattants me semble aussi peu honorable que celui des habitués des maisons de jeu. Les whigs et les démocrates ne se gênent pas pour faire le puff en faveur de leurs candidats ou pour renverser ceux du parti contraire. On écrit dans les journaux, on invective, on crie à la trahison, au danger de la patrie ; on lève des bannières, on suspend de grandes toiles en travers des rues, portant des avertissements ou des exhortations. « Gardez-vous des whigs ! — Les démocrates sont des incendiaires ! — Votez pour les whigs, ces véritables amis du peuple ! — Votez pour les démocrates, ce sont les véritables défenseurs des droits du peuple ! » Et ainsi de suite. Plus le jour de l’élection approche, plus l’agitation est forte, plus les cris, les injures et les menaces personnelles deviennent violentes. On serait tenté de croire que la torche incendiaire va être jetée dans chaque ville, que l’Union est sur le point d’être mise en pièces et que tous les citoyens vont se prendre aux cheveux.

Le jour de l’élection, les électeurs et leurs aides ont des baïonnettes dans les yeux et les paroles. L’urne est placée dans le cercle, tout devient silencieux ; les bulletins y sont jetés avec une régularité paisible. Pause. On vide l’urne, on lit et compte les bulletins, le résultat de l’élection est proclamé ; les fonctionnaires sont élus pour un ou deux ans (dans quelques États, les gouverneurs le sont pour quatre ans, comme le président des États-Unis ; dans d’autres pour deux, et dans d’autres encore pour un an seulement), et tout est dit. Personne ne s’élève contre l’élection ; mais chacun retourne chez lui, prêt à obéir aux nou-