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LA VIE DE FAMILLE

blie des ordonnances contre l’introduction parmi eux de boissons fortes, et — l’on favorise l’œuvre des missions, afin d’introduire au milieu d’eux le christianisme et la civilisation ; mais le résultat de tout ceci est peu satisfaisant. Les hommes rouges, se considérant comme les créatures les plus favorisées du Grand-Esprit, se retirent dans le désert et — meurent. Un petit nombre seulement a adopté la foi, les mœurs et la forme du gouvernement des blancs.

Le christianisme a plus de succès chez la race nègre. La doctrine du Sauveur vient au-devant du besoin le plus intime de l’âme des nègres esclaves, et la remplit. Ils la prêchent eux-mêmes avec la joie la plus pure, et leur ardente sensibilité y puise sa plus belle explication. Le penchant qu’ils ont pour la prière est quelque chose de particulier et peu ordinaire ; elle flambe et s’élève vers le ciel, et les enfants du soleil ardent nous enseignent ainsi combien elle est puissante.

Durant la guerre soutenue dans les États libres pour la suppression de l’esclavage, les amis des esclaves se sont partagés en deux camps. L’un veut l’émancipation immédiate, et ensuite l’éducation publique ; l’autre veut l’affranchissement graduel et la colonisation des affranchis sur la côte d’Afrique. L’Ohio, ayant adopté ce dernier moyen, vient d’acheter une partie considérable de terres sur la côte d’Afrique, pour y créer un Ohio africain, composé de nègres affranchis.

On s’occupe beaucoup, dans les États libres, de l’instruction des nègres et de les relever ; je ne crois pas cependant que les Américains s’y prennent bien. Ils cherchent à imposer leurs formes et leurs institutions à une race humaine bien différente de nous. Quand je vois les enfants animés des nègres dans leurs écoles, fixés comme ceux des