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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

volonté forte, devant laquelle ses compagnons plièrent.

Ils marchèrent donc en avant et arrivèrent dans l’Alebama et un grand village appelé Movilla (depuis Mobile). Ici, les Indiens se soulevèrent contre eux. Dans un massacre épouvantable, qui eut lieu de nuit, les Espagnols perdirent une partie des leurs, beaucoup de vêtements et d’approvisionnements qui devinrent la proie des flammes, en même temps que le village indien.

Des vaisseaux espagnols arrivèrent de Cuba à la baie de Pensacola, près de Movilla ; mais Soto n’avait encore trouvé ni argent ni or, les flammes de Movilla avaient détruit ses collections. Trop fier pour avouer que son espoir avait été déçu, il résolut de ne pas donner de ses nouvelles avant d’avoir trouvé ce qu’il cherchait. Il s’éloigna donc de la côte et pénétra au nord-ouest dans l’État du Mississipi.

La petite armée, réduite à cinq cents hommes, fut surprise par l’hiver avec gelée et neige. Mais le maïs était encore dans les champs, les Espagnols pouvaient se procurer des vivres et habiter les cabanes abandonnées par les Indiens Chickasaws. Ils n’avaient pas encore trouvé de l’or, les sauvages n’avaient pas non plus de bijoux ; ils étaient pauvres et aimaient la liberté. Quand Soto leur demanda au printemps une escorte de deux cents hommes pour porter les bagages de ses compagnons, les Indiens mirent le feu à son camp, et leurs cris de guerre retentirent à travers la nuit et les flammes.

Les Espagnols perdirent ici ce que l’incendie de Movilla avait épargné. Ils étaient plus nus que les indigènes, souffraient de la faim et du froid. Mais l’orgueil et l’entêtement de Soto croissaient avec sa misère. Lui, qui avait promis de conquérir les trésors du Nouveau-Monde, pouvait-il