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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/428

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LA VIE DE FAMILLE

lui les fidèles compagnons qui lui avaient obéi jusqu’à la fin, et désigna son successeur.

« Il mourut le lendemain. Ses soldats firent son éloge en pleurant sa perte. Les prêtres chantèrent sur lui le premier Requiem que les eaux du Mississipi ont entendu. Afin de cacher sa mort, son corps fut enveloppé dans un manteau, au milieu de la nuit on le porta sur le Mississipi, et il fut plongé silencieusement au milieu du courant.

Le mois de mai et le printemps revinrent sur le Mississipi, mais non pas Ferdinand de Soto. « Celui qui a découvert le Mississipi, dit son biographe, repose dans ses eaux. Il parcourut, pendant quatre ans, une grande partie du continent en cherchant de l’or, et n’a rien trouvé qui fût aussi remarquable que son tombeau. »

Le Père Marquette s’est endormi au pied de l’autel sans maladie ni chagrin, après une vie de conquêtes pacifiques et de bonheur non interrompu. Ferdinand de Soto est mort lentement au milieu des marais et des adversités, le cœur rongé par les démons des soucis et de l’humiliation. — Quels tableaux ! La poésie a-t-elle rien de plus lumineux que le premier, et de plus sombre que le second.

Le 21 décembre.

Le Mississipi, bourbeux, large et s’élargissant encore de plus en plus, coule sous un ciel gris d’automne d’une humidité froide. Ses eaux se gonflent et montent chaque jour dans cette saison. Ses bords continuent à être bas et marécageux, bordés d’arbres à coton et de roseaux. De grands débris de charpente et autres flottent sur ses eaux, an-