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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/436

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LA VIE DE FAMILLE

« La colère et la fureur sont choses ordinaires dans le traitement qu’on fait endurer aux esclaves.

« La loi n’est pas protectrice des esclaves, elle leur accorde une protection nominative, mais non pas effective. L’esclave dépend du maître. Les magistrats ferment les yeux aussi longtemps qu’ils le peuvent. Les nègres ne sont pas admis comme témoins devant les tribunaux.

« On parle de l’opinion publique. Elle est fabriquée ici la plupart du temps par les démagogues ; l’intérêt du coton est son unique conscience. Bien des gens voient le mal, s’en affligent et se taisent, de crainte de se faire des ennemis.

« Les fêtes des esclaves sont la plupart du temps des fictions. Dans quelques plantations, on les laisse danser à Noël, toutefois si la récolte du coton est terminée, si la canne a été passée au moulin. Quand la récolte est tardive, la fête est remise à un moment indéterminé, la plupart du temps elle n’a pas lieu. Si la récolte est bonne, l’ouvrage terminé, alors on permet quelquefois aux esclaves de danser.

« Jusqu’ici, il n’a pas été permis, dans les plantations de la Louisiane, de donner une instruction religieuse aux esclaves. Dieu sait cependant comment il se fait que ces pauvres gens sont parvenus à saisir quelques traditions relatives au Sauveur, et vous ne pouvez pas vous représenter l’avidité avec laquelle ils prêtent l’oreille à toute parole sur ce sujet. Je connais une couple de plantations où l’on donne maintenant une connaissance régulière du christianisme aux esclaves ; il est probable que ceci s’étendra dans les environs et produira un changement dans les rapports entre maîtres et esclaves.

« Le temps n’est peut-être pas éloigné où l’opinion pu-