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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/435

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

« Il n’est pas rare de trouver chez les femmes les persécuteurs les plus cruels des esclaves de maisons. Je préférerais être « main de champ » (c’est-à-dire esclave qui travaille hors de la maison) plutôt qu’esclave d’intérieur sous les ordres d’une femme irritable. L’institution de l’esclavage paraît changer la nature de la femme.

« Elle pervertit les blancs. J’ai connu des hommes et des femmes, jeunes, aimables sous tous les rapports, attrayants de manières et de cœur, injustes et durs uniquement envers leurs esclaves.

« Il y a naturellement des exceptions, des maîtres et des maîtresses bons et tendres ; mais c’est le petit nombre, car l’institution de l’esclavage aveugle et endurcit l’esprit des propriétaires d’esclaves dès leur bas âge.

« La situation, meilleure depuis quelques années, le devient toujours davantage, et la lumière commence à pénétrer dans ces contrées ; on ne craint plus autant de parler. Il y a plusieurs années que, tout homme ayant exprimé la sixième partie de ce que je viens de vous dire, aurait été assommé sans forme de procès. Les propriétaires d’esclaves, sentant maintenant que tous les yeux sont fixés sur eux, deviennent plus prudents. Depuis dix ou douze ans, les esclaves sont mieux vêtus et nourris dans ces contrées qu’ils ne l’étaient auparavant. Mais les injustices et les cruautés sont encore nombreuses et continueront tant que cette institution subsistera. J’ai la conviction qu’elle deviendra la question vitale de l’Union américaine.

« Maintenant encore, un homme ne se fait pas conscience de tirer sur un nègre s’il le soupçonne en fuite, et la loi se tait devant un tel acte de violence. J’ai vu plusieurs esclaves grièvement blessés en pareilles circonstances : un a été tué.