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LA VIE DE FAMILLE

qu’elle fut annoncée au monde ; c’est pendant une guerre ardente avec l’Angleterre, et dont l’issue était encore incertaine, que cette déclaration d’indépendance fut écrite et signée ; c’est la veille d’une grande bataille qu’elle fut lue à l’armée républicaine. Ainsi l’a voulu son illustre chef, le général Washington.

Aucun changement n’a été fait dans la salle où les hommes dirigeants de la révolution signèrent cet acte : tout y est resté dans le même état. On voit encore la table verte autour de laquelle les membres du gouvernement avaient été assis, et sur laquelle ils ont signé la déclaration de l’indépendance.

On m’a répété à cette occasion une parole de Franklin. Lorsqu’il fut question de signer ce document, quelques personnes présentes parurent hésiter et disposées à se retirer. Une voix dit : « Messieurs, soyons unis ! » — « Oui, répliqua Franklin avec sa tranquillité ordinaire, à moins que nous ne préférions être tous pendus séparément ! » On rit, et chacun signa rapidement.

Cette magnifique déclaration des droits imprescriptibles de l’humanité jure encore avec beaucoup de choses dans ce pays : combien de temps cela durera-t-il ?

Je vais maintenant te parler de mes amis et connaissances ici : d’abord de mes hôtes, avec lesquels je vis complétement en famille. M. Hart et sa femme sont des gens paisibles, pâles, pieux, fort bienveillants. La vie est charmante avec eux ; ils composent, avec leur fils Morgan, âgé de dix ans, tout le ménage. Hart est un homme intéressant, aimable ; on aurait de la peine à trouver des manières plus douces, plus calmes, unies à une grande capacité pour le travail, à une volonté aussi énergique. À ceci se joint une gaieté fine, un regard particulier et singulièrement péné-