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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

ternel de M. Townsend, foyer rigoureusement quaker, m’intéresse surtout à cause d’une jeune fille qui m’avait écrit une petite lettre aimable. Je la savais très-faible par suite d’une maladie de la moelle épinière, et gardant le lit depuis plusieurs années. Quand on me conduisit dans sa chambre, je vis étendue sur un lit et enveloppée d’une robe blanche disposée en larges plis plastiques, un être… je n’avais jamais rien vu qui ressemblât davantage à un ange ! Dans ce beau et pur visage rayonnaient deux grands yeux ayant une limpidité véritablement surnaturelle. La jeune fille ne fit aucun mouvement pour lever la tête lorsque je me baissai vers elle, mais passa doucement ses bras autour de mon cou. Le visage de cette attrayante Mary ne portait aucune trace de l’état de maladie et de faiblesse nerveuse dont elle est la proie, et qu’elle endure avec la patience d’un agneau. Il ne comprime point sa vie spirituelle, Dieu a donné des ailes à son esprit, et la jeune fille, enchaînée corporellement, envoie de son lit de douleur des enseignements pleins de sens au monde, en observant ce qu’il y a de plus ingénieux dans la vie naturelle.

Son petit livre, destiné aux enfants et à la jeunesse, intitulé « la Vie des insectes, » a été pour moi un cadeau bien venu, parce qu’il me montre une jeune fille ayant adopté la branche d’étude que j’ai souvent conseillée aux jeunes personnes (sans succès que je sache), c’est-à-dire la biographie appliquée aux animaux et aux plantes. L’esprit, le coup d’œil de détail propre aux femmes, le sentiment poétique qui les attire vers ce qui est spirituel, universel, et leur fait découvrir en toutes choses un sens symbolique et riche de pensées, semblent leur donner une aptitude spéciale pour cette partie de la science qu’elles enrichi-