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LA VIE DE FAMILLE

foule de sénateurs et de représentants très-gais et très-polis.

Dans l’après-midi, le sénateur de New-Hampshire, M. Hale, nous a conduites, mademoiselle Lynch et moi, à White-House, la demeure du président, non loin de la ville. Tous les samedis soir, il y a musique militaire dans le parc, et le peuple s’y promène en liberté. Le président (général Taylor) était dehors et mêlé à la foule. On me présenta à lui ; nous nous donnâmes une poignée de main. Il a l’air bon, modeste, était vêtu simplement, presque avec négligence. Le président n’est point considéré comme un grand homme d’État, mais il est unanimement estimé pour son caractère exempt de vanité, son talent et son humanité comme général ; la guerre du Mexique l’a fait président. Son extérieur m’a paru plus bourgeois que militaire. Le vice-président Fillmore (avec lequel j’ai fait aussi connaissance ce soir-là) a l’air plus président que Taylor. Celui-ci habite une jolie maison qui ressemble à un palais (trop simple cependant pour en porter le nom), près de la Potomac. La position et la perspective sont belles. La musique joua « le Drapeau parsemé d’étoiles » et autres airs patriotiques. Trois à quatre cents personnes, hommes, femmes et enfants, se promenaient dans le parc ; la soirée était belle, la scène gaie et lumineuse. J’en ai joui en me promenant au bras tantôt de l’un tantôt de l’autre membre du congrès et en donnant des poignées de main à droite et à gauche. Comme on sait que j’aime les enfants, plusieurs pères et mères m’amenèrent les leurs pour me serrer la main ; le président s’amusait à voir ces enfants courir ou assis sur l’herbe, sans soucis et heureux. Le général Taylor paraît avoir de cinquante à soixante ans ; on le dit très-fatigué et inquiet de la position et des luttes