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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

voit tous les jours, assise dans une embrasure de fenêtre, devant une table couverte de papiers et de livres, une femme qui commence à atteindre l’âge moyen, figure élégante, visage fin, expression agréable. Elle paraît constamment occupée et en rapport avec plusieurs hommes considérables ; sollicitant quelque chose au Congrès, elle se tient là pour veiller à ses intérêts. Que veut cette femme ? Trois millions de dollars en terres dans l’Ouest, afin de créer un fonds dont l’intérêt annuel serait affecté aux asiles d’aliénés et aux maisons des pauvres de tous les États de l’Union. C’est mademoiselle Dorothée Dix. Depuis dix ou douze ans, elle a parcouru la plupart des États, visitant les maisons de fous et autres asiles destinés au malheur ; elle a beaucoup contribué à leur amélioration ; grâce à elle, les aliénés sont mieux soignés et traités. Par son influence et les mémoires parfaits qu’elle a écrits et remis au gouvernement de chaque État, plusieurs maisons d’aliénés ont été fondées dans les lieux qui en manquaient et où ces infortunés étaient abandonnés au bon plaisir de la charité privée, aux soins les plus misérables. L’activité et l’influence de mademoiselle Dix sont l’un des plus beaux traits de la vie publique de la femme dans le Nouveau-Monde. Nous en causerons davantage une autre fois ou verbalement.

Le 2 juillet.

Je viens du Capitole, où j’ai eu le plaisir d’entendre Clay, Webster et autres sénateurs éminents. Clay parle avec vivacité et une forte impulsion. Le son de sa voix, qu’on m’a beaucoup vanté, ne m’a point frappée ; il me