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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Tandis que les grandes affaires reposent, je vais te mettre au courant de mes faits et gestes.

Le 4 juillet, ce grand jour des États-Unis, je suis allée à Mount-Vernon avec mademoiselle Lynch, M. Andrews et le sénateur de l’Ohio, M. Corvin, l’un des hommes de ce pays qui se sont « faits eux-mêmes. » Son père, fermier pauvre, ne lui donna d’autre éducation que celle de l’école communale, mais il s’est développé de lui-même. C’est aujourd’hui l’un des plus célèbres orateurs improvisateurs pour les discours de peu d’étendue, mais substantiels et pleins d’esprit, et, ce qui vaut mieux encore, un fonctionnaire généralement estimé, contre lequel on ne dit rien, excepté qu’il est parfois « trop bon. » Sa société fut pour nous ravissante et d’un prix inestimable. Sa conversation, surtout les portraits vifs, amusants, un peu satiriques quelquefois, qu’il faisait de ses collègues du sénat ; l’imitation de leurs manières ; son humeur heureuse qui ressemble à une source jaillissante et fraîche, firent de cette longue course, par de mauvais chemins, dans un véhicule dur, et pendant une chaleur étouffante, une véritable partie de plaisir. À Mount-Vernon, nous fûmes reçus par le petit-neveu du grand président, et sa femme, jeune et joli couple. Ils nous offrirent de la fraîcheur et du repos, nous régalèrent de fruits rouges et de lait, ce qui nous sembla parfait. Henry Clay nous avait donné une lettre d’introduction auprès de ces jeunes époux.

La position de la maison sur les bords de la Potomac est infiniment jolie ; le parc, dessiné à la manière anglaise, me parut vaste, mais il annonce la décadence comme les bâtiments attenants au corps de logis principal. On trouve dans le parc la tombe de Washington et de sa femme, cha-