tres pays ? Si quelques discours me font parfois soupirer, il en est qui m’intéressent par ce qu’ils ont de direct relativement à la question qu’ils traitent, et par les orateurs qui les prononcent. J’aime à voir et à entendre des assemblées parlementaires. L’homme me paraît grand lorsqu’il se lève et lutte pour des faits et des convictions, lorsque sa force et son génie lui font remporter de grandes victoires ; même sans génie, sa puissance morale, son oui on non, présente un spectacle intéressant. Une pareille assemblée est en réalité une pièce dramatique dont les scènes et les épisodes produisent bien plus d’effet que bon nombre de celles que nous voyons représenter sur le théâtre. Je veux te raconter quelques-unes des scènes dont j’ai été témoin : d’abord un mot sur le théâtre et les acteurs ; ils ont pour moi un intérêt spécial, parce que les sénateurs représentent des États dont les traits caractéristiques et poétiques sont personnifiés dans mon imagination par des hommes.
Chaque État de l’Union envoie au Congrès deux sénateurs. Dans le sénat, on ne dit pas, en leur parlant, monsieur tel ou tel, mais le sénateur de Kentucky, du Massachusett, du Mississipi, de la Louisiane, etc., et j’ai de suite devant moi le mirage du Kentucky, du Massachusett, du Mississipi, de la Louisiane, suivant ce que je sais de la vie et du caractère de ces États sous le rapport de l’esprit, de la nature, lors même que leurs représentants humains n’y répondraient pas toujours ; la civilisation entière de cette partie du monde est devant moi comme un grand drame, dont Massachusett et Louisiane, Caroline et Pennsylvanie, Ohio et Alabama, etc., sont les forces agissantes avec leur individualité marquée. Celle-ci, à son tour, est indiquée en partie par le surnom que la circonstance ou le caractère