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LA VIE DE FAMILLE

j’en ai demandé la raison, et il m’a été répondu que les abolitionnistes, ayant déjà tiré leurs salves, on devait laisser au parti opposé le temps de dire tout ce que bon lui semblerait ; le vote aurait lieu après. De la sorte, on protesterait contre l’esclavage sans discours. Ceux que j’ai entendus dans le commencement, les discours imprimés de Governeur Seward et autres membres du congrès, m’ont prouvé que cette explication était vraie. J’ai donc le regret d’être arrivée ici pendant la période décroissante de la discussion.

Cependant il a été fait un pas en avant dans la vie politique, en permettant que les débats sur la question de l’esclavage fussent entièrement libres. Peu d’années auparavant, il était défendu sous peine de la vie de l’agiter dans le Congrès. Des hommes courageux, amis de l’humanité, et l’opinion publique ont renversé cette muraille. La lutte entre la liberté et l’esclavage s’est concentrée de plus en plus sur le terrain intime de la question, l’humanité. De grandes pensées ont été mises au jour et me paraissent produire le même effet que le soleil levant dardant ses premiers rayons sur les montagnes. Parmi ces pensées se trouve celle d’une loi divine, supérieure aux lois de l’État, et en vertu de laquelle la société a le droit de s’élever contre ces dernières, quand elles sont en opposition avec la loi divine.

Ceci n’est au fond qu’une application, à la question du jour, du premier principe de la déclaration d’indépendance des États américains. Mais les idéalistes du Nord l’expriment maintenant avec force et beauté. Il est évident pour moi que tôt ou tard ce principe deviendra dans le combat l’étendard de la liberté. C’est ce que dit aussi Daniel Webster, le représentant de l’État des Pèlerins. Son mot d’ordre