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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/146

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LA VIE DE FAMILLE

le dîner, on est certain de les voir voltiger autour des fleurs, de préférence les fleurs rouges. Il y en a sur un buisson appelé la « coquette ; » au-dessus planent les colibris, rouges eux-mêmes sur la poitrine : on dirait des flammes. Ce sont les plus jolis petits êtres qu’on puisse se figurer ; gras comme des bouvreuils, ils semblent pour ainsi dire assis sur l’air. La coquette et ses courtisans ailés présentent un spectacle ravissant. J’ai vu ici trois espèces de colibris : celle dont je viens de parler, une autre vert-émeraude ayant les formes les plus délicates, et la troisième verte aussi, avec huppe et des raies rouges sur la tête. Ils se posent quelquefois sur une branche ; puis, en prenant de nouveau leur vol, ils font entendre un gazouillement léger et fin. Ils sont méchants les uns envers les autres, se poursuivent parfois avec la rapidité d’une flèche, quand ils sont en rivalité pour une fleur.

En outre de ces charmants petits oiseaux, il y en a de noirs, grands à peu près comme des Choucas ; ils ressemblent aux merles américains. Je les vois souvent perchés sur les branches du Peta. On dit que ces oiseaux sont une sorte de communistes, qu’ils vivent en société, mettent leurs œufs en commun, les couvent de même, et nourrissent leurs petits sans distinguer le mien du tien. Les colibris ont évidemment un tout autre tempérament, et sont de violents anticommunistes.

J’espère être de retour en Suède au mois d’août. La chaleur commence à devenir forte et m’affaiblit tellement, que je partirai de Cuba le 8 avril au lieu du 28, comme j’en avais le projet. J’irai d’ici à Charleston et à Savannah ; je visiterai quelques plantations sur la côte de la Géorgie, et me rendrai ensuite dans la Virginie, que je veux connaître, et où je passerai le mois de mai, puis à Philadel-