les États-Unis ! Mais, lorsque les journées fraîches viendront, j’arriverai aussi, mon Agathe, pour rester avec ma mère et toi.
J’ai eu beaucoup de jouissances et j’en ai encore à Cuba, sous tous les rapports. Je suis engraissée, rajeunie (nota benè, comparativement à ce que j’étais aux États-Unis), et je me serais encore mieux trouvée si j’avais pu reposer davantage. Mais mon esprit s’est ranimé, ou plutôt il éprouve une telle excitation, qu’il ne m’a laissé aucun repos. Je suis, pour ainsi dire, dans un état de fièvre permanent. Des objets nouveaux se présentent sans interruption, me poussent à l’imitation ou à la composition, à entreprendre plus de choses que je n’en puis faire sous le rapport du temps et de la capacité. C’est presque risible, et même un peu pitoyable, je n’ai ni trêve ni repos ; et cependant ce travail m’amuse extrêmement. Je fais des portraits mieux qu’auparavant. Quand j’ai quelque chose de très-bien, je le laisse dans les foyers hospitaliers que j’ai habités, dans ces beaux et bons foyers qui se sont ouverts devant moi à Cuba comme aux États-Unis. Ils m’ont donné du repos, et des amis m’ont fait voir et apprendre beaucoup de choses sur leur vie et leur situation intérieure, connaître des personnes qui se réuniront dans mon cœur au souvenir des vents délicieux, des beaux palmiers de Cuba. Parmi elles se trouve madame Phinney, l’un de ces êtres doux, excellents, qu’on doit aimer et estimer complétement. Il m’en a coûté de la quitter, ainsi que ses filles, qui m’ont accablée, jusqu’au dernier moment, de bonté et de cadeaux.
J’ai entrepris ici de dessiner une maison de Cuba, et pris pour modèle une très-jolie et petite habitation de la Place d’Armes. Je m’asseyais de bonne heure sur un banc ombragé par les peupliers, avec pinceau et livre, espérant