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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/175

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Nos emplettes dans les magasins se font de la manière suivante. La volante s’arrête devant l’un d’eux : aussitôt un ou deux jeunes commis accourent, s’informent de ce que nous désirons, nous l’apportent sur-le-champ. Nous avons autant de choix que nous pouvons en désirer, et nous faisons nos acquisitions sans quitter la voiture. Soit qu’on achète ou non, les manières des commis n’en sont pas moins également prévenantes et gracieuses. On est disposé à les prendre pour des pages du temps de la chevalerie plutôt que pour de simples commis, tant ils sont polis avec les dames. Bon nombre de ces jeunes gens appartiennent aux bonnes familles de l’île. Les créoles ont peu de moyens de gagner leur vie hors du commerce et de l’agriculture, les emplois civils et militaires étant donnés aux Espagnols.

Pendant ces excursions, ma jeune hôtesse salue en passant les personnes dont la voiture se croise avec la nôtre, ou qui sont aux fenêtres, en faisant un gracieux mouvement de la main et en criant : « Adios ». C’est l’usage ici, et ce mouvement de la main qui a différents degrés d’expression et d’intimité, est général pour hommes et pour femmes. C’est une manière de saluer qui me paraît aussi gracieuse et convenable que celle adoptée en Europe est fatigante et inutile. L’Espagnol poli ajoute à son salut aux femmes un : « Je vous baise les mains » ou : « À vos pieds, madame. » Cela ne signifie rien, mais l’expression est jolie, a quelque chose d’aimable dans la manière dont elle est exprimée. Les Espagnols sont assurément les hommes les plus courtois ; on les dit légers au même degré.

Hier, après dîner, j’ai vu des militaires espagnols faire l’exercice. Les soldats manœuvraient parfaitement, mais ils sont très-petits. On vante leur tenue et leur discipline.